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Sucr&salé
2 décembre 2007

Who's in a bunker?

Après un mois complet de blocage, je repars demain matin vers la capitale pour assister à mes cours.
Et pourtant la reprise n'est pas encore assurée. Je pense à tous ceux qui viennent de beaucoup plus loin et qui se retrouvent bloqués, obligés de faire des aller et retour en train...
Quand j'ai su que j'allais devoir reprendre une activité normale, mon coeur s'est serré. Et pourtant, je ne demandais que ça : enfin quitter cette petite vie étriquée, ces cercles amicaux distordus, qui se cherchent des poux pour agiter un peu leur monotonie.
Mais vie active dit vie productive, dit jugements et résultats. Habituée depuis mes premiers pas à aller plus vite que les autres, à grimper avec avidité sur la première place du podium reservé aux enfants sages, aux chouchous des profs, aux petits messieurs et dames "je-sais-tout" horripilants, je ne maîtrise plus mon angoisse face à l'échec.

Si dans les premiers temps bénis de l'enfance (même si ça devais faire de moi une sacrée peste) rien ne me demandait d'effort, aujourd'hui pour réussir, je devrais m'appliquer un minimum à mon travail. Chose que n'ayant jamais apprise à faire, je considère comme impossible. Je finis même par aller contre le résultat, contre la méthode. Confrontée au risque de l'échec, je préfère mettre en oeuvre ma faillite plutôt que de tenter de la surmonter sans résultat. Au moins dans cette situation, je peux toujours trouver de très bonnes excuses à ma défaillance.
Mes études en patissent, mon avenir vacille, moins assuré qu'il pourrait l'être.
Au professeur, je paraîs forte, détachée, parfois absente. Préoccupée toujours par une chose ayant plus d'importance que ce qu'il peut raconter. Le regard vague que je pose sur lui lui proclame que rien ne me touche, que je suis ici par choix et qu'il m'en est redevable. Je le regarde s'agiter derrière son bureau, vaguement amusée par ses soubresauts verbaux.

Cette attitude de dédains me suit partout où l'Autre peut me voir. Je préfère le fixer la première, avant que lui ne le fasse. Comme avec les animaux : les obliger à tenir un regard sert à les mettre en position de faiblesse, à leur faire reconnaître une domination. La froideur affichée ne sert qu'à masquer mes failles trop béantes.

Je joue à la dominante et à l'inatteignable. Je joue avec mes peurs. Et je finis même par me confondre, à prendre le jeu comme une réalité. Je ne suis que le résultat condencé de mes mensonges-vérités, et de mes vérités-mensonges.

A trop vouloir se murer pour se protéger, on en arrive à s'oublier.

Et pour une personne qui place la lucidité au centre de tout, c'est assez dramatique.

J'aime donner des leçons, mais qui pourrait dépasser mon apparence pour me confronter à celles que je devrais suivre ? A ce sujet, un réflexion amusante : je veux devenir prof, est-ce parce que j'ai moi-même tant besoin de maître que je retourne la situation pour combler ce manque ? Peut-être qu'au fond je ne désire rien tant que d'être élève.

 

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