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Sucr&salé

29 décembre 2007

Chronique d'une journée réussie :

Partir loin de ma morne province, Recevoir dans le métro un message adorable de l'amie que je vais voir, Arriver aux Halles et se tromper de sortie, Se balader quelques minutes aux alentours, le téléphone collé à l'oreille pour voir apparaître la personne qu'on attend, Avancer vers elle en riant déjà de la situation via nos portables.
Avancer vers la place Carré avec la plus belle fille qu'on connaisse à son bras, Apercevoir les regards des gens que l'on croise se promener sur notre couple.
S'installer sous le auvent fumeur d'une grande pizzeria bondée, Mettre trois plombes à choisir sa commande, parler parler parler, manger de temps en temps et puis parler raconter écouter encore, regarder sa montre et partir précipitamment, se promener à Châtelet, revenir vers les limites du Marais.
Trouver un petit café convivial, un peu brouillon, ne pas savoir comment entrer dans cette yourte transparente, faire un sourire au serveur très mignon qui nous sauve de notre bataille avec les trois pans de plastiques qui ferment l'entrée.
S'asseoir et sauter sur son café chaud et amer, regarder autour de soi pour constater que ma chère amie est peut être une des seules hétéro dans le coin (j'appelle ça le flair, réussir à tomber par hasard dans un endroit comme ça). Échanger des regards pendant toute la durée de  notre pause café avec une charmante demoiselle en face de moi (j'aurais été la fille qui l'accompagnait, je l'aurais tué de dragouiller ainsi quelqu'un devant moi  heureusement, elle ne l'a pas remarqué, elle ne
pouvait pas voir où allaient les regards en coins de sa copine)
Se sauver encore du café, devant l'heure  tardive, et passer des heures à l'étage lingerie du grand Etam de Châtelet, dévaliser les rayons, rire ensemble de notre mal chance avec les tailles parisiennes (elles sont toutes ou très mince ou bien en
chaire, ce qui fait que dans des rayons tout juste approvisionnées, il n'y a que du 44 ou du 34), essayer  tout et n'importe quoi, avoir un coup de coeur pour un ensemble rose bébé, trouver des cabines face à  face et admirer les formes plus que féminines de ma très chère vis à vis, se trouver grosse, se dire qu'il  faudrait tout de même faire un peu de sport, rendre folle les vendeuses, hésiter, réessayer une taille en  moins, passer une nuisette plus que sexy, l'échanger avec celle de son accompagnatrice, être serrées à deux dans la même cabine, choisir nos cadeau mutuels de Noël enfin, payer (aïe ma carte bleue...)
Monter de deux étages, se promener dans les rayons du prêt à porter, bien sûr encore trouver quelque  chose à essayer, être sérieuse et renoncer, mais regretter un peu d'être sérieuse.
Sortir dans la nuit agitée,  lui prendre le bras (notre position habituelle) avec un sourire satisfait remarquer encore les regards des passants, même ceux de couples de filles, se dire qu'on est toute les deux la possession de l'autre, et  renvoyer ensemble les coups d'oeils appréciateurs qui nous suivent en remontant rue Saint Denis.
Critiquer l'allure de l'un, se tirer doucement par la manche pour attirer le regard de l'autre sur tel ou tel  attitude, rire, chuchoter ou parler un peu trop fort, rire encore trébucher à cause d'un fou rire.
Monter  chez son copain prendre un thé avant de partir, s'asseoir, allonger ses jambes fatiguée, lui passer mon  briquet, se réchauffer, se regarder et se sourire, terminer nos deux cigarettes, remettre les manteaux, descendre l'escalier en travaux, dire bonjour à la Dame du trottoir habituelle en partant, marcher vers la bouche de métro, voir son copain avant elle, se dire au revoir devant l'escalier du métro, et partir.
Un sourire aux lèvres pour plusieurs jours. 

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12 décembre 2007

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... J'ai la sensation d'être plus qu'à fleur de peau en ce moment.
Fragile face à tout ce qui m'arriver, face à chaque murmure qui se glisse contre moi.
Et je me dis : si seulement vous pouviez tous disparaître!
Toutes ces personnes qui me touchent me blessent m'acculent dans les derniers retranchements de cette façade que je dois maintenir contre la pitié et la compassion.
Disparaissez, revenez, écoutez moi enfin. Partez sans oublier si vous voulez.
Mais après tout vous ne m'êtes rien.
J'aimerais juste en être convaincue.

10 décembre 2007

Peut-être qu'un jour...

On en arrivera à s'expliquer face à face plutôt que par écrans interposés. Si tu voulais seulement parler, peut-être qu'on (que je) t'écoutera(ai) avant de te "juger". (simplement n'oublie pas une chose, c'est qu'on te connaît quand même un peu, et que si on ne te juge pas sur tes paroles aujourd'hui, on est toujours confronté à tes actes, on les a sous les yeux. A toi de nous dire ce qu'ils signifient puisque l'on se trompe)
C'est amusant de voir comme nos groupes d'amis nous renvoient aux mêmes surnoms. J'ai appris hier soir que j'étais une salope/garce, avec beaucoup de plaisir, surtout quand ce sont des gens qui ne me connaissent pas qui le pensent. J'ai toujours pensé que tu étais égoïste oui (plus ou moins comme tout le monde, mais plutôt plus que moins) mais pas forcément une salope. Simplement tu sembles te complaire dans des situations fermées où le seul sentiment à aboutir est la douleur. En écrivant cette phrase, je me rends compte que je ne fais pas mieux, puisque je me suis encore impliquée alors que plus rien de concret ne m'attache à vous. Il faut croire que je n'arrive pas à faire le deuil de certaines choses.
Contrairement à ce que j'ai pu laisser croire apparemment, tous mes maux ne relèvent pas de toi (si tu te souviens de certains mails que j'ai pu t'envoyer et que tu t'es empressée d'envoyer à quelqu'un d'autre (c'est pour cela que je t'en veux certainement le plus)) et si tu avais lu la suite de l'article tu aurais du le voir, comme tu aurais pu voir l'ironie du clan "Sex intention". Son ironie réflexive, plus adressée à ses propres comportements qu'à ceux qu'il récrie. (aparté : dis, je suis quel perso dans ce film selon toi?). D'ailleurs à ton sujet je n'ai pas développé, parce que de mon côté, il n'y a plus grand chose à dire.
A quoi ça rime? Ça rime à extérioriser ce qu'on a pu vivre, à s'empêcher d'exploser dans la réalité et de causer des dommages collatéraux. Ça rime juste à mettre à plat tout cela, à essayer de comprendre pour éviter de refaire les mêmes erreurs.
Je n'implique au départ personne dans mes réflexion sur toi, et elles ne concernent que toi, aucune notion de "rang" dans mon esprit. Jamais intentionnellement je n'ai associé tes amis à ce que je pouvais te reprocher : à quoi cela peut servir de monter des gens les uns contre les autres. Tous ceux dont je suis proche, je les apprécie pour eux même et pas pour ce qu'ils pourraient avoir à dire sur toi. Même s'il nous arrive c'est vrai, de parler de toi et de nous comprendre.
Je n'essaie pas de prouver ma valeur en fonction de ceux que je compte parmi les rangs de mon armée, dans la bataille rangée que tu sembles vouloir initier. Je ne suis au demeurant plus impliquée directement dans vos affrontements.
Mais je réponds, sur le mode du dialogue, puisque tu m'impliques au présent dans la relation de ce qu'il s'est passé.
Et surtout n'imagine pas que c'est ta personne en elle -même que l'on attaque, mais plutôt tes comportements actuels, qu'en tant qu'anciens "amis" on n'a jamais trouvés dignes de ce que l'on te pense être au fond.

Souvenirs souvenirs ...

9 décembre 2007

De la drogue comme créatrice de dimension parallèle.

J'ai trop de choses à raconter.
Ma vie est intenable en ce moment, elle s'amuse à me secouer dans tous les sens, contre toutes mes attentes en en créant de nouvelles.
Cette nuit, enfin ce matin assez tôt, j'ai été pendant quelques heures la moitié de MM, du moins en acte.
Alors que je vous présente "Ninnin", moi-même-en-personne, chose défoncée à l'état larvaire affalée contre MM dans un super fauteuil en cuir du salon de chaton. Entre les gloussements idiots, le dépôt d'une nouvelle technique de sandwich avec la voisine, les câlins intempestifs, le chouinage devant chaton et sa copine en plein mamours, on n'a pas vraiment intégré le fait que nous étions toutes les deux dans les bras l'une de l'autre, aimantées depuis le début de la soirée.
Cette fille me plaît depuis que je n'arrive pas à la cerner, à comprendre un minimum sa façon de fonctionner, c'est à dire la première fois que je l'ai vue. J'étais dans les bras de chaton ce jour là, mais les quelques mots qu'avait prononcée MM m'avaient perturbés. Hier soir, un an après cette rencontre, c'est dans ses bras que j'ai passé la soirée, et comment j'y suis arrivée, comment on en est arrivées à se comporter comme des nounours ambulant, je n'en ai aucune idée!
Je ne comprends décidément rien de cette fille. Et je ne sais plus ce que je veux. Effrayée d'être dégagée si je deviens trop volontaire, je finis par oublier que je suis censée ne vouloir que coucher avec elle. J'ai même rêvé qu'on était en couple tiens! Elle est belle, intelligente, folle, incontrôlable, compliquée (voire compliquée au cube), dangereuse et incompréhensible. Forcément il fallait s'attendre à ce que je me jette sur elle, ou dans ses bras. Rien ne m'attire (j'allais écrire "m'excite" mais oui aussi) tant que ce que je ne peux pas avoir, ou ce qui va me faire mal (les deux étant liés).
Si je me remémore la soirée, on a vraiment eu un comportement inattendu toutes les deux, l'une envers l'autre. Elle est passé derrière moi en discussion, en déposant un bisous dans mon cou. J'ai posé la tête sur son épaule et croisé les mains sur son ventre alors qu'on parlait études avec chaton et sa copine. Elle m'a caressé la joue un moment, j'ai niché la tête dans son cou. Assise dans un coin d'une des chambre, elle m'a fixé un moment, sérieuse, et a déclaré au groupe avec qui j'étais assise sur le lit alors que nous la regardions tous, qu'il était beau, son ninnin. Oh oui aussi, elle m'a promis de me faire un gâteau au chocolat la prochaine fois qu'on se verrait, ça c'est savoir parler aux femmes!
Blottie dans ses bras, j'étais juste bien, défoncée peut être, mais terriblement bien au sein de mon Inattendu Suprême.
Je suis trop prévisible!
Mais apparemment, elle, ne savait pas ce que je pouvais lui vouloir. Quand elle m'a posé la question je ne lui ai rien répondu puisque je n'en ai aucune idée moi-même, enfin plus maintenant, je crois...
Et ce matin je me suis rendue compte que j'étais en danger. Il vaut mieux pour moi que je ne la revois pas avant longtemps, et de toute manière c'est certainement ce qu'il va se passer.
Ai-je le droit de le regretter?  Ai-je le droit d'adorer ne pas comprendre ce qui a pu se passer?

PS : petite précision elle est casée, amoureuse d'un mec sympa qui m'aime bien.

6 décembre 2007

Prologue

Allons-y...
Je vais en avoir pour des mois à raconter toute cette histoire. Alors on va mettre ça en forme comme un feuilleton (vous savez, ces trucs à l'eau de rose qui paraissent en morceaux à la fins des magasines féminin). Ça sera d'ailleurs du même registre.
Je réfléchis à un titre, une catégorie bien mièvre... "Les épines de la passion", oh oui c'est parfait!
Une autre question se pose : dans quel sens prendre l'affaire, commencer par le début (c'est déjà assez compliqué à suivre dans l'ordre chronologique) ou faire suivant mon humeur et les nouvelles fraîches ?
Petit topos du départ, que je vous explique sur quoi je divague ("vague, vague, vague"... un point à ceux qui comprendront) depuis tout à l'heure.
Ma vie sentimentale (quel grand mot) est exemplaire dans le style "sac de noeud". Les exs de mes exs sont exs entre elles, nous sommes toutes une grande famille, dans la joie la bonne humeur et patatipatata. (oui "elles", même si je ne me concentre pas seulement sur ce type de relation, simplement je n'ai rien à raconter sur les "ils") Donc, mon premier amour (maudite soit-elle sur 69 générations) est à l'origine de beaucoup beaucoup de problèmes dans mon entourage, aussi bien pour moi-même que pour les personnes qui l'ont côtoyée. Et cela continue.
Le plus amusant, c'est qu'à ma manière de la présenter ici, je donne certainement l'impression qu'elle est le mal incarné, or c'est exactement ce qu'elle pense de moi (ou a pensé). Et pour être honnête, je ne voudrais pas lui faire le plaisir de lire ma vie à travers le prisme de sa présence, bien que ça me flatte beaucoup qu'elle le fasse pour moi de temps en temps.

Mais bien sûr, ce n'est pas le seul personnage principal, ils se partagent tous le premier rôle, selon les moments, dans le soap qu'est parfois ma vie . Et aujourd'hui je continue à suivre ces petites aventures, sans vraiment y participer : j'ai assez donné comme ça. En contrepartie, c'est devenu une très grande source d'amusement, de voir les mêmes erreurs répétées, les mêmes personnes s'enfermer, s'enferrer dans leurs actes. Au final, j'ai parfois l'impression de regarder des rats de laboratoire s'agiter dans leurs cages. Il n'en a pas toujours été ainsi. J'ai été l'un des rats. Je me suis brûlée à m'accrocher à des espoirs, à offrir ma confiance à des gens qui ne la méritaient pas, à être si naïve sur les motivations des personnes que j'aimais. A manquer d'ironie, de cynisme, de méchanceté. Je me suis rattrapée depuis, mais quoi que je puisse dire ici, je dois avouer que malgré mon désir, je ne peux pas me détacher totalement de ces souvenirs, je ne peux pas au fond, aller jusqu'au bout de ma méchanceté, parce que ce n'est pas moi, pas ça. Je m'y cache, je m'y protège de toutes ces attentes déçues qui ont pu m'écorcher. Les deux versions de la chanson des Sex pistols représentent bien la dualité de mon attitude, ma difficulté à me situer dans cette vaste comédie sentimentale.

Pour aujourd'hui je n'ai pas d'épisode précis en tête à raconter, alors je vais m'arrêter là.

Au prochain épisode, la jeune et sublime Brenda va fuir sa famille despotique (et son beau-frère libidineux) pour se jeter innocente dans les bras de l'inquiétant Brett, qu'elle a rencontré à la soirée de charité organisée pour les orphelins du centre Bellevue où vont se dérouler de bien étranges évènements qui mettront en danger Betty, la soeur jumelle cachée de Brenda. La passion va-t-elle enflammer les coeurs du médecin chef Rodger et de la pure Betty, pourtant fiancés tous les deux aux premiers enfants de la plus puissante famille de Dallos? Quelle vengeance va germer dans les esprits des Whiters trahis? A combien s'élève l'héritage de Mémé Missy? Quel est l'âge du capitaine et la marque de ses chaussettes?

Moi je dis : vive l'amûûr !

 

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6 décembre 2007

Paris

schiele_femme

Le coeur content, je suis monté sur la montagne
D'où l'on peut contempler la ville en son ampleur,
Hôpital, lupanar, purgatoire, enfer, bagne,

Où toute énormité fleurit comme une fleur.
Tu sais bien, ô Satan, patron de ma détresse,
Que je n'allais pas là pour répandre un vain pleur ;

Mais comme un vieux paillard d'une vieille maîtresse,
Je voulais m'enivrer de l'énorme catin
Dont le charme infernal me rajeunit sans cesse.

Que tu dormes encor dans les draps du matin,
Lourde, obscure, enrhumée, ou que tu te pavanes
Dans les voiles du soir passementés d'or fin,

Je t'aime, ô capitale infâme! Courtisanes
Et bandits, tels souvent vous offrez des plaisirs
Que ne comprennent pas les vulgaires profanes.

Charles Baudelaire, "Epilogue" in Le Spleen de Paris

Le tableau est une oeuvre d'Egon Schiele, une de ses plus connue certainement. Le travail de ce peintre viennois de la fin du XIXème siècle me fascine depuis que j'ai pu admirer ses toiles aux couleurs de mort (voire de putréfaction) et aux poses torturées à l'exposition "Vienne 1900". L'ambiance de scènes qu'il peint correspond à mes yeux parfaitement à l'atmosphère des poèmes de Baudelaire, surtout cette magnifique "Charogne" des Fleurs du mal. Et ici, l'association du tableau au poème passe par l'image de la ville "catin". Je vous conseille de faire un petit tour sur le net pour apprécier le style de Schiele, concentrez-vous sur les mains magnifiques qu'il crée.

2 décembre 2007

Who's in a bunker?

Après un mois complet de blocage, je repars demain matin vers la capitale pour assister à mes cours.
Et pourtant la reprise n'est pas encore assurée. Je pense à tous ceux qui viennent de beaucoup plus loin et qui se retrouvent bloqués, obligés de faire des aller et retour en train...
Quand j'ai su que j'allais devoir reprendre une activité normale, mon coeur s'est serré. Et pourtant, je ne demandais que ça : enfin quitter cette petite vie étriquée, ces cercles amicaux distordus, qui se cherchent des poux pour agiter un peu leur monotonie.
Mais vie active dit vie productive, dit jugements et résultats. Habituée depuis mes premiers pas à aller plus vite que les autres, à grimper avec avidité sur la première place du podium reservé aux enfants sages, aux chouchous des profs, aux petits messieurs et dames "je-sais-tout" horripilants, je ne maîtrise plus mon angoisse face à l'échec.

Si dans les premiers temps bénis de l'enfance (même si ça devais faire de moi une sacrée peste) rien ne me demandait d'effort, aujourd'hui pour réussir, je devrais m'appliquer un minimum à mon travail. Chose que n'ayant jamais apprise à faire, je considère comme impossible. Je finis même par aller contre le résultat, contre la méthode. Confrontée au risque de l'échec, je préfère mettre en oeuvre ma faillite plutôt que de tenter de la surmonter sans résultat. Au moins dans cette situation, je peux toujours trouver de très bonnes excuses à ma défaillance.
Mes études en patissent, mon avenir vacille, moins assuré qu'il pourrait l'être.
Au professeur, je paraîs forte, détachée, parfois absente. Préoccupée toujours par une chose ayant plus d'importance que ce qu'il peut raconter. Le regard vague que je pose sur lui lui proclame que rien ne me touche, que je suis ici par choix et qu'il m'en est redevable. Je le regarde s'agiter derrière son bureau, vaguement amusée par ses soubresauts verbaux.

Cette attitude de dédains me suit partout où l'Autre peut me voir. Je préfère le fixer la première, avant que lui ne le fasse. Comme avec les animaux : les obliger à tenir un regard sert à les mettre en position de faiblesse, à leur faire reconnaître une domination. La froideur affichée ne sert qu'à masquer mes failles trop béantes.

Je joue à la dominante et à l'inatteignable. Je joue avec mes peurs. Et je finis même par me confondre, à prendre le jeu comme une réalité. Je ne suis que le résultat condencé de mes mensonges-vérités, et de mes vérités-mensonges.

A trop vouloir se murer pour se protéger, on en arrive à s'oublier.

Et pour une personne qui place la lucidité au centre de tout, c'est assez dramatique.

J'aime donner des leçons, mais qui pourrait dépasser mon apparence pour me confronter à celles que je devrais suivre ? A ce sujet, un réflexion amusante : je veux devenir prof, est-ce parce que j'ai moi-même tant besoin de maître que je retourne la situation pour combler ce manque ? Peut-être qu'au fond je ne désire rien tant que d'être élève.

 

1 décembre 2007

Insomnie

Dans le silence et la nuit, je voudrais empêcher cette journée de se terminer. Mais roulée en boule dans un coin de mon lit comme un chat apeuré, les yeux ouvert sur les ombres, je fais mon deuil face au jour qui arrive.
Demain, je passe un cap, je franchis une nouvelle étape. Ma mère laisse tomber sa charge de veuve, et je ramasse à ses pieds l'alliance qu'elle va quitter.
Pour ne pas pleurer demain, je pleure cette nuit.
Mon fardeau d'enfant s'alourdit de la mémoire que ma mère abandonne.
J'ai besoin de tes bras encore.
Condamnée à rester ta petite fille, puisque tu ne me verras jamais grandir, je serre les dents sur un sourire figé, celui que je vais devoir porter demain. Mon esprit fatigué cherche le repos, malgré moi il chantonne, essayant de bercer ma conscience pour enfin accueillir le sommeil. Les frissons me réveillent à moitié assoupie.
Je voudrais croire cette nuit, croire que tu me vois, que tu écoutes les prières que je t'adresse, croire pour être certaine de te retrouver quand ma nuit à moi sera venue.
C'est à toi que je demande cette grâce de croire enfin, à toi mon père. Croire que rien ne s'efface, croire que le corps que j'ai vu étendu dans son cercueil n'était qu'un masque, que toi tu en es loin.
Ce "toi" là, cette chaleur qui n'était plus sur ces mains glacées que j'ai effleurées. Cet homme qui a été mon père. Tu es là n'est ce pas? Réponds moi, je t'en prie. Tu es là. Si ma mère te remplace, après tout ce n'était que ta femme, moi je suis ta fille, je ne te remplacerais jamais, je ne peux pas, tu es une partie de moi. La moitié de tes gènes vivent encore en moi. Alors réponds.
Mais, je dérive seule face au sommeil qui fuit. Et le jour approche où ma mère ne sera plus que sa femme. Je ne veux pas dormir, je ne veux pas mourir.
Je ne veux pas que tu meurs un peu plus, en t'effaçant du nom de ma mère. Je ne veux pas qu'elle t'oublie. Je ne veux pas que tu me quittes encore un peu, pour ne plus rester qu'un vague souvenir. Je cherche des images de toi, mais quand j'en trouve elles sont floues, de vieilles photographies, sans vie et sans couleurs. Les odeurs les couleurs les sons se sont effacés. Le temps a passé. Et tu vas t'effilocher un peu plus dans cette brume solaire du jour qui se lève. Atome par atome tu te dissouds des esprits qui se souviennent.
Je ne veux pas oublier.
Mais j'oublie.
Je vis je poursuis, et j'oublie.
Ne me regarde pas comme ça, je ne vois déjà plus tes yeux. Les gouttes noires du deuil s'évaporent entre les mains du temps. Mes larmes comme celles que tu n'auras jamais pu verser.
Je vais dormir et tu vas partir.

Tu n'as jamais été là.


(désolée si ça vous semble bizarre, voire même trop étrange pour pouvoir être dit ou compris. Après tout vous n'êtes pas ici pour juger ce que j'ai envie d'écrire. Mais rassurez-vous, je ne suis pas encore folle. Et je ne compte pas retravailler ce texte malgré ses défauts, il a besoin d'exister comme il est.)

28 novembre 2007

Michèle & Antoine, 1er décembre 2007

Ma maman chérie se remarie. (hum...)

Depuis un an ils se connaissent, depuis 10 mois mon beau-père (en titre dans 3 jours) vit avec nous. Je me retrouve bien malgré moi affublée d'une flopée de nouveaux intervenants dans ma petite vie.
Cet homme très gentil tout d'abord, veuf comme ma mère, de son âge. A jamais inférieur à mon père. A jamais étranger, accepté comme je pourrai un jour accepter le petit copain de ma fille adolescente qui part en vacances avec nous, le noyau familial auto-suffisant. Et puis ses enfants, tous adultes, occupés heureusement ailleurs. La plus jeune, une battante pleine de joie de vivre, en espagne avec son compagnon beaucoup plus âgé qu'elle. Le 2ème fils ensuite, très croyant, passé à un moment de sa vie par le séminaire, pacsé avec un autre homme que je lui préfère amplement. L'aîné enfin, qui a eu beaucoup de mal à nous accepter, à accepter que son père remplace sa mère par la mienne. C'est pourtant le plus âgé, lui aussi père d'une petite fille avec une femme ayant déjà plusieurs enfants d'un 1er mariage. S'ajoutent ensuite les frères et soeurs du beau-père, leurs enfants, et toute la smala. (je me souviens plus facilement des animaux avec lesquels ils vivent que de leurs noms. Ma grande histoire d'amour avec les chiens et les chats...).
Et face à cette relation qui va se concrétiser dans quelques jours officiellement, je me sens... Impuissante? Décalée? Hors contexte?
Rien dans cette histoire ne relève de moi et de mes attentes ou envies. Je respecte le choix de ma mère, et son envie de remplir le vide de sa vie par une personne autre que moi. J'apprécie certaines des personnes qui vont se retrouver liées à moi.
Pourtant je continue à les regarder avec une arrière pensée : mais que viennent faire ces étrangers dans mes affaires! De quel droit nous livres-tu ainsi aux regards extérieurs maman?
Seule, tu m'appartenais.
Mon père s'est déjà échappé du cercle familial, de quelle faute me punissez-vous en vous enfuyant ?
Ce sont le genre de choses que mon instinct me crie. Bien entendu je sais que rien de tout cela ne tourne autour de moi, que la mort ou le remariage ne sont pas des fuites, juste des péripéties accrochées à la vie, à la votre plus qu'à la mienne. Et après tout je revendique souvent le droit de forger ma propre ligne de conduite.
Mais la partie non civilisée de mon esprit se bat contre ces haines qu'elle vous voue pour me laisser face au monde avec la nécessité d'être adulte, d'être exposée aux péripéties qui vous ont heurtées et me heurteront. Tout simplement d'être seule et forte. De devenir "Moi", cette chose unique et entière qui préférerait se reposer encore sous votre protection.
Je ne m'arrache pas à vos bras, c'est vous qui me repoussez des vôtres.
Certainement est-ce la raison pour laquelle j'ai autant de mal à couper le cordon, comme dans une rupture amoureuse celui qui prend l'initiative passe plus rapidement à autre chose que celui qui subit, quelques soient les circonstances précédant la fêlure.

27 novembre 2007

Animale

So, ces motivations...
A quoi ça sert d'écrire?
A vrai dire ce soir, je n'ai aucune idée. Et après tout pourquoi suivre un plan? Je suis dans un espace personnel, et je sais que ce qui attire les lecteurs, c'est ce côté voyeuriste dans le blog (en tous les cas c'est ce qui m'attire chez les autres). Cette vie par procuration, où une partie des pensées sont dévoilées, qui rassasient notre curiosité et nous rassurent sur notre état mental.
Que raconter donc...
Soyons prosaïques :
J'ai fait des courses, ma carte bleue garde les traces des violences que je lui ai infligées (je suis méchante avec les objets qui m'entourent, ça inclut aussi les bipèdes que je croise. Avis aux amateurs). J'ai essayé cette robe, qui m'allait si bien que les vendeuses s'appelaient entre elles pour m'admirer (elles ont d'ailleurs réussi à me refourguer toute la panoplie qui accompagnait la robe. Que voulez-vous je suis faible face aux compliments). S'ensuivit une euphorie, un léger sentiment de supériorité. Et cela m'a permis de remarquer une chose. J'ai été accostée un certain nombre (ou plutôt un nombre certain) de fois sur le chemin de mon retour au foyer. Un effet étant en général précédé d'une cause, je serais tentée de conclure que ce contentement ressenti face au miroir du magasin a provoqué un changement de ma physionomie, qui a lui même attiré vers moi les compliments des hommes que j'ai croisés. Pourtant je ne la portais pas cette robe, elle était bien cachée au fond de mon sac. Rien chez moi ne différait, à part cet état mental d'assurance.
Et pourtant je ne souriais pas, j'étais perdue dans mes pensées, les écouteurs vissés aux oreilles.
Mon pas était-il plus ferme? Mes talons en claquaient-ils plus agicheusement sur le trottoir? Ma longue écharpe où j'avais enfoui le nez se balançait-elle plus voluptueusement dans mon dos?
Tout cela m'intrigue.
Au final, sommes-nous des animaux, marchant à l'instinct et un simple sentiment de puissance  nous suffit-il à acquérir le respect de nos semblables. Peut-être envoyais-je des hormones dans les airs censés renseigner les mâles de passage sur ma fécondité, ma féminité rassasiée par l'achat d'une nouvelle parure de chasse.

A moins que ça ne soit du vaudou.

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