Chronique d'une journée réussie :
Partir loin de ma morne province, Recevoir dans le métro un message adorable de l'amie que je vais voir, Arriver aux Halles et se tromper de sortie, Se balader quelques minutes aux alentours, le téléphone collé à l'oreille pour voir apparaître la personne qu'on attend, Avancer vers elle en riant déjà de la situation via nos portables.
Avancer vers la place Carré avec la plus belle fille qu'on connaisse à son bras, Apercevoir les regards des gens que l'on croise se promener sur notre couple.
S'installer sous le auvent fumeur d'une grande pizzeria bondée, Mettre trois plombes à choisir sa commande, parler parler parler, manger de temps en temps et puis parler raconter écouter encore, regarder sa montre et partir précipitamment, se promener à Châtelet, revenir vers les limites du Marais.
Trouver un petit café convivial, un peu brouillon, ne pas savoir comment entrer dans cette yourte transparente, faire un sourire au serveur très mignon qui nous sauve de notre bataille avec les trois pans de plastiques qui ferment l'entrée.
S'asseoir et sauter sur son café chaud et amer, regarder autour de soi pour constater que ma chère amie est peut être une des seules hétéro dans le coin (j'appelle ça le flair, réussir à tomber par hasard dans un endroit comme ça). Échanger des regards pendant toute la durée de notre pause café avec une charmante demoiselle en face de moi (j'aurais été la fille qui l'accompagnait, je l'aurais tué de dragouiller ainsi quelqu'un devant moi heureusement, elle ne l'a pas remarqué, elle ne
pouvait pas voir où allaient les regards en coins de sa copine)
Se sauver encore du café, devant l'heure tardive, et passer des heures à l'étage lingerie du grand Etam de Châtelet, dévaliser les rayons, rire ensemble de notre mal chance avec les tailles parisiennes (elles sont toutes ou très mince ou bien en
chaire, ce qui fait que dans des rayons tout juste approvisionnées, il n'y a que du 44 ou du 34), essayer tout et n'importe quoi, avoir un coup de coeur pour un ensemble rose bébé, trouver des cabines face à face et admirer les formes plus que féminines de ma très chère vis à vis, se trouver grosse, se dire qu'il faudrait tout de même faire un peu de sport, rendre folle les vendeuses, hésiter, réessayer une taille en moins, passer une nuisette plus que sexy, l'échanger avec celle de son accompagnatrice, être serrées à deux dans la même cabine, choisir nos cadeau mutuels de Noël enfin, payer (aïe ma carte bleue...)
Monter de deux étages, se promener dans les rayons du prêt à porter, bien sûr encore trouver quelque chose à essayer, être sérieuse et renoncer, mais regretter un peu d'être sérieuse.
Sortir dans la nuit agitée, lui prendre le bras (notre position habituelle) avec un sourire satisfait remarquer encore les regards des passants, même ceux de couples de filles, se dire qu'on est toute les deux la possession de l'autre, et renvoyer ensemble les coups d'oeils appréciateurs qui nous suivent en remontant rue Saint Denis.
Critiquer l'allure de l'un, se tirer doucement par la manche pour attirer le regard de l'autre sur tel ou tel attitude, rire, chuchoter ou parler un peu trop fort, rire encore trébucher à cause d'un fou rire.
Monter chez son copain prendre un thé avant de partir, s'asseoir, allonger ses jambes fatiguée, lui passer mon briquet, se réchauffer, se regarder et se sourire, terminer nos deux cigarettes, remettre les manteaux, descendre l'escalier en travaux, dire bonjour à la Dame du trottoir habituelle en partant, marcher vers la bouche de métro, voir son copain avant elle, se dire au revoir devant l'escalier du métro, et partir.
Un sourire aux lèvres pour plusieurs jours.